Des études et des analyses récentes sur le système de milice et le volontariat brossent un tableau plutôt sombre de la situation. Les partis voient leur base s’effriter; ils ont de plus en plus de peine à trouver des candidats appropriés. L’individualisation mais aussi la mondialisation du monde du travail font que les gens sont moins disposés à fournir un travail de milice. Les plus petites communes se sentent dépassées par le développement du droit et la médiatisation croissante qui n’épargnent pas les administrations locales.
Le système de milice vit de volontaires engagés
Avec l’entremêlement croissant de la sphère professionnelle et de la sphère privée, le citoyen ne veut pas en ajouter une troisième, celle du travail de milice et du volontariat. L’investissement que suppose un engagement à long terme dans des associations est trop important, l’estime qu’on peut espérer en tirer est en chute. Historiquement, le système de milice repose sur des vertus républicaines. Une bonne partie des tâches politicoadministratives ne sont pas assurées par des entités bureaucratiques, mais par des citoyens élus, en plus de leurs activités professionnelles. Le système de milice suppose un engagement bénévole. La logique républicaine s’oppose dans une certaine mesure aux valeurs individuelles actuelles. L’engagement dans le système de milice est en concurrence avec la société de loisir et sa large palette d’activités. Pourtant, l’État de milice suisse a besoin de structures qui fonctionnent. La participation bénévole d’un nombre suffisant de citoyens est nécessaire. Le modèle républicain, selon lequel on attendait tout naturellement du citoyen qu’il soit prêt à participer avec joie, s’est transformé en modèle où le travail de milice est devenu une option.
Nécessité de réformes
Est-ce que le système suisse de milice pourra encore être une réalité à l’avenir ou ne fait-il pas de plus en plus figure de mythe? Si c’est le deuxième cas qui devait être vrai, la Suisse aurait alors un véritable problème d’identité, car le système de milice, au même titre que la démocratie directe ou le fédéralisme, est considéré comme un de ses éléments centraux. La question sous-jacente est de savoir quelle importance réelle un affaiblissement ultérieur du système de milice aurait pour la Suisse. Que resterait- il de l’idée républicaine d’une Suisse qui vit de l’engagement de ses propres citoyens? Celuici ne consisterait-il plus qu’à voter quatre fois par an par correspondance, lorsqu’on en a le temps ou l’envie? Les citoyens deviendraient-ils de plus en plus des «clients» passifs de l’État? Placerait-on l’intérêt de la Suisse sur le même plan que tout ce qui profite à un individu et à sa famille? Devant quelles conséquences se trouverait placée la Suisse si le (petit) entrepreneur qui, en plus de sa profession, «fait carrière» en politique ou dans l’armée n’existait plus? Les milieux politiques ne peuvent pas/plus se permettre de se contenter de laïus. Même les milieux économiques devront se demander quelle importance le système de milice revêt pour eux. C’est une raison suffisante pour porter à l’avenir cette question au rang de thème central de discussion et pour chercher des solutions possibles.
Cet article a été publié dans la brochure d'information «avenir actuel» 2/2013.