Créateur de la première radio universitaire suisse, rédacteur en chef adjoint à la RSR, («Le Grand 8») et de «La Télé», Fathi Derder tourne la page de l’observation journalistique pour passer à l’action politique. Au Mont-Pèlerin, le conseiller national a utilisé sa double casquette de politique et journaliste pour illustrer le discours médiatique et politique fait, au jour le jour, sur le Suisse moyen – qui, c’est peu de le dire, se trouve «dans le pétrin».
Lorsque deux parents d’une famille avec deux enfants travaillent et paient cent pour cent d’impôts, il s’en suit une crise de perception, assure un représentant politique. Pourtant, ce sort est partagé par beaucoup de monde aujourd’hui. Dès lors, rien d’étonnant que tous les partis politiques s’évertuent à «vouloir sauver la classe moyenne». À gauche, les socialistes déposent, cinq mois avant les élections fédérales, une motion «pour améliorer son pouvoir d’achat». Une manière comme une autre de décrédibiliser la politique. Mais éviter de parler à plus de 80 % de la population c’est s’avancer sur la pente glissante de l’échec électoral assuré. Tout le monde s’y intéresse donc et entend profiter de cette immense part du gâteau. Il faut, en conséquence, expliquer sans relâche, à cette classe moyenne, à quel point elle est «le pigeon qui se fait constamment plumer». La classe moyenne est un peu comme la ménagère de moins de 50 ans, une notion trop vague pour constituer un marché.
Sur le plan politique, la répartition des électeurs est la suivante: 20 %, parmi les plus riches, votent à droite (partis de centre droite et UDC); 20 %, parmi les plus pauvres votent à gauche (PS et UDC). L’enjeu porte sur comment gagner les 60 % restants et qui constituent la grande masse?
Dans cette situation, les discours de partis comme celui des libéraux-radicaux, qui assurent que les choses ne vont pas si mal, que la Suisse se porte plutôt bien avec un bon système de santé, ne portent plus. Il apparaît donc clairement que cette situation favorise le PS et l’UDC qui dramatisent et amplifient les difficultés. Or, nous rencontrons là un problème, ces deux partis forment non seulement et clairement des partis d’opposition, mais sont de surcroît conservateurs. Restent que ces deux formations délivrent des messages qui leur permettent de gagner du terrain dans les villes. Dans cette constellation politique, les Verts libéraux, le PBD et les Verts sont avant tout des effets de mode passagers, voués à disparaître. Libéraux-radicaux et PDC ont perdu la partie, alors qu’ils ont fait la Suisse. La droite libérale est mise au défi d’apprendre à parler aux classes moyennes. Plutôt que de causer au nom des banques et des multinationales, elle doit s’exprimer au nom des PME.